25 février 2017

Freedom, Now I - Free Human Zoo

En 2011, le batteur Gilles Le Rest et le tromboniste Laurent Skoczek montent Free Human Zoo. Dans la foulée, Patrice Kornheiser (piano), Nicolas Feuger (basse) et Samy Thiébault (saxophone ténor et flûte) rejoignent le duo. En 2014, Free Human Zoo enregistre Aïki Dõ RéMy, avec Gildas Martin à la guitare. C’est également en 2014 que Dan Decrauze intègre le quintet. Avec l’aide de l’ingénieur du son Marcus Linon, Free Human Zoo enregistre Freedom, Now ! au Kramus Deluxe Studio entre 2014 et 2016. Le disque sort chez ex-tension Records en 2016.

A l’instar des groupes de rock – ou de Magma, influence avérée – Free Human Zoo s’est doté d’un logo : dans un style bande dessinée, un grand cerf, entouré d’un lion, d’un perroquet, d’un écureuil, d’un tigre et d’un chimpanzé, semble sortir de la tête d’un homme ! Les hommes, les animaux et la liberté… Poésie et onirisme s’invitent également dans l’univers du combo. Quant au sous-titre de Freedom Now !, il est explicite : « une aventure musicale de libération et d’émancipation ».

Freedom Now ! est constitué de quatre suites : « Bokoroni », inspiré de l’interprétation d’un morceau traditionnel guinéen par le joueur de djembé Famoudou Konaté ; « Amour Moteur, matrice », « hymne à la passion » ; « Aspettando la Primavera », dédié à Aldo Romano ; « Maniacus », un hommage à tous les disparus… Le Rest a composé les treize mouvements des suites.

Riff de guitare entêtant, motif de basse minimaliste et sourd, batterie puissante et ambiance touffue : « Une nuit, cette Présence… » lorgne vers le Metal. Effet encore renforcé par le solo tranchant de Decrauze sur une rythmique toujours vive et dense. Puis, sur un rythme chaloupé des îles, Thiébault emmène « Danse de l’Ivresse, Corps et Esprit… » vers des rivages mainstream. La jolie « Valse ascensionnelle » permet à I’M’ de laisser libre court à son sens mélodique, sur une walking et un chabada alertes. « Amour moteur, Matrice » s’ouvre sur des nappes de sons saturés qui ramènent  « Magie d’un sourire… » vers des contrées rock. Le chorus d’I’M’ s’inscrit davantage dans une veine latine avec, toujours, un soutient luxuriant. « Rupture des temps, cassure du Temps… » porte bien son titre : la guitare s’emporte et l’atmosphère tourne à la fusion. Soucieux d’alterner les climats, le sextet fait danser « L’instant vient… », porté par les solos chantants du ténor puis du trombone, sur un ostinato du piano et des roulements secs et serrés de la batterie. I’M’ joue l’élégant  « Aspettando… » avec une sonorité mi-métallique, mi-cristalline. Léger et vif, le groupe reprend en chœur le thème, puis le ténor déroule de belles phrases fluides, sur un accompagnement souple, fait de contre-chants et autres riffs. Avec ses boucles répétitives à la Steve Reich, « L’Horloge atemporelle » laisse le trombone s’exprimer dans un esprit entraînant, avant que, dans « Pluie, Vapeur, Sécheresse… », la guitare électrique ne rappelle que le rock progressif et la musique minimaliste ne sont jamais très loin… La quatrième suite, « Maniacus », commence par la « Marche des méchants… », un morceau inscrit dans la lignée de l’Ecole de Canterbury : la section rythmique gronde, avec une pointe de nervosité, le piano évoque Keith Tippett, les soufflants épaississent le décor, la guitare joue les héros… bientôt rejointe par le ténor. Ce premier mouvement se conclut sur un final psychédélique. Comme pour la « Valse ascensionnelle… », c’est à I’M’ d’exposer la « Valse des Enfants… », sur une ligne déliée de Feuger et un drumming alerte de Le Rest. Porté par le piano et la guitare, « Solitude… » revient au rock progressif qui, avec l’irruption des  autres musiciens, fusionne avec la musique répétitive pour aboutir à « Des pleurs aux Rires… ».

Free Human Zoo met du cœur à l’ouvrage : Freedowm Now ! respire cette joie de jouer et la musique est authentiquement originale.