17 août 2016

Nihil Novi – Marcus Strickland’s Twi-Life

Marcus Strickland fait partie de cette génération de musiciens virtuoses qui fusionnent tradition jazz, poly-rythmes groovy et éléments de variété noire américaine, à l’instar du RnB, rap, funk... Remarqué aux côtés de Roy Haynes, Jeff « Tain » Watts, Dave Douglas Keystone, Lonnie Plaxico

Après At Last (2001) et Brotherhood (2003), enregistrés en quartet avec Jeremy Pelt, Robert Glasper et Brandon Owens pour Freshsound New Talent, Strickland forme son groupe Twi-Life et son label Strick Muzik au mitan des années 2000. Un premier album éponyme sort en 2005, suivi d’Open Reel Deck en 2007. En parallèle, Strickland monte un nouveau quartet avec David Bryant au piano, Ben Williams à la basse et son frère, E.J. Strickland, à la batterie. Leur premier opus, Of Song, est publié par Criss Cross en 2009, avec la participation de la harpiste Brandee Younger. Chez Strick Music, Idiosyncrasies paraît en 2009 (sans Bryant), suivi des deux volumes Triumph of the Heavy (2011). Mais c’est avec Twi-Life que Strickland retourne dans les studios pour Nihil Novi, qui sort chez Blue Note, le 15 avril 2016.

Strickland signe les quatorze titres et confie la production de Nihil Novi à Meshell Ndegeocello. Twi-Life est composé de Keyon Harrold à la trompette, Mitch Henry et Masayuki Hirano aux claviers, Kyle Miles à la basse et Charles Haynes à la batterie. Strickland fait également appel à la voix de Jean Baylor pour « Talking Loud », « Alive » et « Inevitable » et de nombreux invités qui interviennent au fil des morceaux.

Dès « Tic Toc », l’influence de M’Base est évidente : thème mélodieux, plans superposés, nappes électro, motifs de basse profonds et polyrythmie groovy. « Cycle », « Drive » et « Celestelude » s’inscrivent également dans cette lignée. Même si, dans l’ensemble, la direction de Nihil Novi reste cohérente, Strickland varie les ambiances. « The Chant » est une prise en public avec, toujours, ces mélodies entraînantes sur des percussions dansantes, teintées de funk. Une approche musicale qui se retrouve chez Ambrose Akinmusire, Kamasi Washington, voire Esperanza Spalding. La patte Ndegeocello...  L’afrobeat s’invite également sur « Sissoko’s Voyage » et dans « Mirrors ». Deux textes-poèmes servent d’intermèdes : « Mantra », récité par Harrold, et « Cherish Family », par E.J. Strickland. « Truth » se déroule dans un esprit similaire, sur une ligne mélodique touchante, déroulée à la clarinette par Strickland. L’hommage éponyme à Charles Mingus est construit sur une série de contrepoints élégants soutenus par une rythmique enjouée. Quand Bayor intervient, la balance penche vers le RnB avec des arrangements soignés dans une veine variété classieuse. 

Strickland a choisi le titre de son nouvel opus à bon escient : Nihil Novi – « rien de nouveau » – ne révolutionne effectivement pas le jazz, mais le disque est bien dans l’air du temps : des belles mélodies mises en relief par des arrangements efficaces et des rythmes puissants, le tout servi par des musiciens irréprochables.

Le disque

Nihil Novi
Marcus Strickland's Twi-Life
Marcus Strickland (as, voc, ts, b cl, ss, elec), Keyon Harrold (tp, voc, bugle), Mitch Henry (kbd, org, voc), Masayuki Hirano (voc, kbd), Kyle Miles (b) et Charles Haynes (d), avec Jean Baylor (voc), E.J. Strickland (voc, d), Pino Palladino (b), Meshell Ndegeocello (b), James Francies (kbd), Chris Dave (d), Chris Bruce (g) et Robert Glasper (p).
Blue Note
Sortie le 16 avril 2016

Liste des morceaux

01. « Tic Toc » (3:45). 
02. « The Chant » (2:45). 
03. « Talking Loud » (4:31). 
04. « Alive » (5:38). 
05. « Sissoko's Voyage » (4:39). 
06. « Mantra » (1:18).
07. « Cycle » (4:15).
08. « Inevitable » (4:56).
09. « Drive » (3:43).
10. « Cherish Family » (0:41).
11. « Celestelude » (4:34).
12. « Mingus » (1:31).
13. « Truth » (4:36).
14. « Mirrors » (6:08).

Toutes les compositions sont signées Strikland.